ECUs et euros de couleur! (suite)
Pour comprendre le mot (suite), il convient de regarder à la rubrique Valence, début de cette épopée locale.
En effet, pour Valence, il y a eu des ECUs de couleur, et d'autres pièces "de couleur" sont sorties à Valence en tant qu'euros. Cependant leur origine géographique n'était pas Valence, mais le département de la Drôme, et de plus, ils n'avaient plus vraiment le droit d'être des "euros temporaires" puisqu'ils ont été frappés en ... 2000.
Il faut se rappeler que même si pour nous l'aventure EURO a débuté au 1er janvier 2002, pendant ce temps l'atelier monétaire de Pessac, en douce, frappait des monnaies en euros dès 1999. Etant coincé en Andorre en ce début 2002, je ne risque pas d'oublier que j'avais, au préalable, réussi à marchander une douzaine de sacs de pièces en euros (les billets n'étaient pas sortis) car c'était la seule monnaie qu'ils acceptaient après le 31 décembre 2001.
Bref, comme tous les euros ayant dépassé la date fatidique du 1er juillet 1998, il a dû se contenter de n'arborer que le signe de l'euro (€), sans indication de valeur ni de validité.
Précision importante : cet euro n'est pas le fait du département (ou conseil général) lui-même, mais de la Société Numismatique de la Drôme, du moins, d'après ce qui est inscrit sur cette pièce.
(1) euro de la Drôme
Cette pièce est entièrement inspirée d'une monnaie de la renaissance connue comme "Teston du Dauphiné de François 1er". La mode de ce type de pièces où le portrait du souverain était enfin réaliste (contrairement aux stéréotypes du Moyen-Age) nous vient tout droit d'Italie.
On y voit le buste à droite du roi, cuirassé et portant une couronne fermée. La légende signifie François, par la grâce de Dieu, Roi des Francs.
Le Dauphiné est une ancienne province française, qui correspond approximativement aux départements de l'Isère, de la Drôme et des Hautes-Alpes. Au départ, état indépendant, il fût vendu à la couronne Française, au XIVème siècle, qui traditionnellement le donna à l'héritier du trône (d'où son titre de Dauphin).
Le revers ne reprend de ce fameux teston que l'écu (ou blason). C'est-à-dire deux dauphins (en haut à gauche, et en bas à droite) et deux groupes de trois fleurs de lys (en haut à droite, et en bas à gauche), séparés par une croix fine.
Et encore, on peut noter sur ce blason, le nom de l'organisme qui a aidé financièrement l'opération (mécène ou sponsor, au choix) : il s'agit de Groupama, célèbre société d'assurances.
De plus, apparaît le nom du graveur C. Cardot, meilleur ouvrier de France (pour la gravure), qui avait déjà réalisé l'ECU de Valence.
Et puis, bien sur, comme attendu le symbole euro €, émaillé de bleu (couleur de l'Europe), avec sur sa gauche un rectangle (bleu) accollé d'un triangle (jaune), qui doivent correspondrent à un logo que je n'ai pas pû identifier (un rapport avec les catamarans de Groupama? En tout cas, il s'agit aussi des couleurs européennes).
La légende circulaire est totalement différente de celle du teston (NO° NOBIS° DNE° SED° NOI° TVO° DA GLO) et fait référence à la Société Numismatique de la Drôme, et surtout, précise l'évennement : AN 2000.
A mon avis cet euro-médaille coloré a été émis par le Comité de Jumelage de Valence à l'occasion d'une fête organisée avec la plus ancienne des villes jumelles : ASTI. En effet, cette commune italienne a longtemps été française. Devenue république au Moyen Âge, elle tomba au pouvoir des ducs de Milan, et forma un duché qui fut donné en dot à Valentine Visconti quand elle épousa le duc d'Orléans, frère de Charles VI. Ce duché resta entre les mains de princes français jusqu'en 1529. La paix des Dames du 3 août 1529, négociée par Marguerite d'Autriche et Louise de Savoie, met fin à la guerre entre François Ier et Charles Quint. François verse une rançon de 2 millions d'écus d'or pour récupérer ses fils et abandonne Milan, Naples et Asti, la Flandre et l'Artois, mais conserve la Bourgogne.
Ainsi donc, pour le "millenium" ou changement de millénaire, le Comité de jumelage de Valence aurait offert à Asti cet euro de l'an 2000 à l'effigie de leur dernier duc, qui était aussi le souverain français. En effet, après avoir récupérer Asti, Charles Quint l'intégra à la Savoie. Même si ce Teston est dauphinois, il faut aussi savoir que François Ier avait aussi fait frapper à Asti des monnaies locales spécifiques au nom de la ville (c'est-à-dire les dernières, puisqu'après il n'y eu plus que des pièces de Savoie).
Pour plus de renseignements, je vous invite à visiter le site du Comité de Jumelage de Valence, qui a de la suite dans les idées :
http://www.jumelage-valence.com/
Ainsi que celui du tourisme en Drôme :
http://www.drometourisme.com/