l'Euro du petit tambour de Bonaparte
Cet euro commémore la victoire d'Arcole, et plus exactement son bicentenaire. Il faut savoir que le fameux et vaillant "petit tambour" qui a traversé le non moins fameux pont d'Arcole, sous la mitraille autrichienne, est l'enfant du pays!
Cette petite commune (moins de 4000 habitants) du Lubéron (Vaucluse) fête chaque année son héros, et pour les 200 ans de cette victoire elle a fait frapper par la Monnaie de Paris, une série d'euros temporaires :
Un euro de Cadenet
Cette monnaie en alliage cuivreux montre sur la même face, la valeur de la pièce, les dates de validité de cet euro provisoire et le blason de Cadenet. Ce blason montre trois colombes d'argent (certains plus belliqueux y voient des cannettes).
Nous découvrons ici le célèbre petit tambour. Ce personnage que j'avais découvert en classe, à l'époque où l'on apprenait encore l'Histoire de France à l'école, a réussi à lui tout seul un étonnant coup d'esbrouffe. Rappelons la situation : l'armée française était bloquée devant le Pont d'Arcole (sur la rivière Alpone) et tous ceux qui s'y risquaient étaient abbatus (Bonaparte lui-même a failli y mourrir). André Estienne, dit "Pierrot", franchit à la nage la rivière avec son tambour sur la tête. Arrivé sur la berge, il se met à battre la charge (alors qu'il est tout seul) ; les autrichiens se croyant débordés abandonnent le pont et les français peuvent enfin passer. Bel acte d'héroïsme et surtout d'intrépidité!
Trois euro de Cadenet
Cette monnaie provisoire est de couleur blanche (cupro-nickel) et semblable à la précédente, hormis la valeur. Notons également, qu'en plus du blason, on voit une médaille : cela rappelle que le "petit tambour d'Arcole" fût l'un des premiers à être décoré de la légion d'honneur. De plus, on remarque un bandeau en haut du blason portant le mot "CAUDELEM" : il s'agit du nom gaulois de la ville qui était la capitale de la tribu des Caudellenses (ce qui en français a donné CADENET).
Mais pour en revenir à la valeur, force est de constater que les monnaies divisionnaires ayant pour dénomminateur le chiffre "3" avaient disparues depuis la révolution ! Avec le système décimal, on ne trouvait plus ce type de pièces issues du système duo-décimal hérité des romains!
L'explication ne se trouve pas dans un retour vers les anciennes valeurs mais plutôt dans la conversion Francs-Euros. En effet alors qu'un EURO équivaut à 6,55957 FRANCS (valeur relativement hermétique!), TROIS EURO équivalent à 19,68 FRANCS : soit à peut-près VINGT FRANCS. Et donc le change pour cette monnaie temporaire en était facilité (souvenez-vous, c'était des billets Debussy ou des pièces trimétalliques avec le mont Saint-Michel).
Au dos, nous retrouvons le brave citoyen cadenétien André Estienne. On découvre aussi en comparant sa date de naissance et celle de la bataille qu'il avait 19 ans lors de son exploit.
La représentation sur l'euro de la ville de Cadenet est inspirée de la statue "élancée" qui orne la place... du Tambour!
Nous précisons que cette statue a aussi son histoire. Pour commencer, elle a été érigée du vivant de son modèle, de même que deux autres statues sur des monuments parmi les plus prestigieux de France :
- le fronton du Panthéon
- l'Arc de Triomphe
Ensuite, pendant l'occupation (austro)allemande en 1943, elle a été déboulonnée et devait être fondue pour faire des munitions pour le IIIème Reich, mais de valeureux cadenétiens, fidèles à leur ancêtre, la dérobèrent pendant la nuit pour l'enterrer dans un champs. Elle ne fût exhumée qu'à la Libération, et restaurée qu'en 1995.
Mais le plus incroyable dans cette aventure de l'euro de Cadenet, ou euro du bicentenaire de la bataille d'Arcole, est que suite aux festivités les villages de Cadenet et d'Arcole décidèrent de se jumeler!
Il faut savoir qu'à l'époque de la bataille, Arcole était un village italien occupé par les autrichiens et que Bonaparte (aidé de notre "petit tambour") avait fait tomber ce joug. Certes ensuite, Napoléon devint leur roi ; puis à sa destitution les autrichiens revinrent. Mais c'est au moment de cette bataille qu'on a vu pour la première fois dressé le drapeau tricolore (vert, blanc, rouge) de l'Italie unifiée et indépendante.
Ceci explique sans doute la volonté du jumelage du côté d'Arcole. Et le 31 mai 1996, M. Gormond, Maire de Cadenet, et son 1er adjoint M. Nouveau (devenu vice-président du Comité de Jumelage), signèrent cet acte d'union et d'amitié pour construire un nouveau "pont" au-dessus des Alpes entre les deux communes "européennes".
Mais n'allez pas suite à ces commentaires penser que tous les cadenétiens sont de farouches guerriers gaulois. Un autre enfant du pays s'est fait connaître par d'autres talents : il s'agit de Félicien David. Ce compositeur saint-simonien à qui on doit l'invention de l'exotisme musical ("le Désert", "Lalla Roukh", "la perle du Brésil"...) a beaucoup voyagé avant de réaliser ses symphonies à Paris.
Pour de plus amples informations sur Cadenet, sa merveilleuse cité, ses monuments, je vous convie à vous connecter sur le site de la mairie :
http://www.mairie-cadenet.fr/